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Sébastien Faraglia, « RED DINGUE… »

sebastien faraglia président du fc annecy
Sébastien Faraglia, « RED DINGUE… »
Publié le 13 décembre 2025
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IL FAIT PARTIE DE CES HOMMES RÉSERVÉS, POSÉS, QUI POURRAIENT PRESQUE VOUS APAISER… MAIS DERRIÈRE CE CALME AFFICHÉ, TAMBOURINE UNE PASSION. CELLE DU FOOT, D’UN MAILLOT AUTREFOIS GRENAT ET PLUS ENCORE D’UN CLUB QUI L’A CUEILLI AU BERCEAU…

LE FCA L’A MARQUÉ AU FER ROUGE, LUI LAISSANT QUELQUES CICATRICES ET UN COEUR ÉPROUVÉ. MAIS SÉBASTIEN FARAGLIA EN A ENCORE SOUS LES CRAMPONS. DES AMBITIONS QUI FINIRONT, À FORCE, AU FOND DES FILETS !

RECTO

Tilt : Petit, tu pensais faire quel métier ?

Sébastien : Je rêvais d’être footballeur professionnel. A 18 mois, j’ai eu d’ailleurs une double fracture tibia péroné en glissant sur un ballon de foot dans ma chambre !

Ton premier maillot rouge sur le dos ?

1978, j’ai 6 ans. Et à l’époque, on jouait en grenat. Avec le temps, ça s’est délavé et on a basculé sur le rouge. 

Un maillot que t’as gardé combien de temps ? 

J’ai joué 23 saisons à Annecy. J’ai eu la chance de connaître les dernières années, avant 93, où le club était professionnel. Mais j’y suis toujours resté, joueur, partenaire, et puis maintenant président…

Aujourd’hui, tu as combien de casquettes professionnelles dans ton dressing ?

On va dire que la principale, c’est le foot, H 24. Et à côté de ça, j’ai une petite boîte de conseil à titre perso et je suis associé sur SF Events avec Lisa, ma femme, et sur le pop-plage.

Foot, évenementiel… c’est toujours du show, sauf que les premiers artistes sont en shorts ?

Exactement, ça reste du spectacle. D’ailleurs, toute la problématique, c’est que le foot de haut niveau, c’est une économie de spectacle, où il faut attirer, sur Annecy, entre 7 et 10 000 personnes au stade, sur un max de week-ends. Et le spectacle dépend de la qualité des acteurs, mais aussi de celle des infrastructures. Et c’est pour ça qu’on se bat depuis des années pour faire évoluer tout ça. 

D’ailleurs, devenir président du FCA quand on y a joué petit, c’est un rêve, un sacerdoce ou une croix à porter ?

Le rêve de gosse, c’était de toucher le foot professionnel. Et j’ai eu cette chance, pas bien longtemps : le club a explosé en 93. Puis de participer à sa reconstruction jusqu’à assister à la montée en Iigue 2. Ce jour-là, j’ai pris en pleine figure toutes ces années passées au stade. Mon père était dirigeant, on était à l’origine du club des 100. C’est une grande histoire pour nous, dans la famille, le FCA… Ce n’est pas un rêve, plus une grande fierté. Je dirais que c’est plutôt une suite logique. J’étais au conseil d’administration du club depuis des années avec Stéphane (Loison), quand le projet des seniors s’est étoffé. A l’époque l’ETG (Evian Thonon Gaillard), n’ayant pas de stade, jouait ici, à Annecy, et il commençait à sérieusement battre de l’aile. Ça a coïncidé avec la montée de notre équipe première dans les divisions de championnat de France Amateur. On a enfin eu l’opportunité de récupérer notre stade. C’est là qu’on a voulu donner un élan rapide au projet. Je suis devenu vice-président, surtout pour trouver des sources de revenus pour le club, le nerf de la guerre. On a financé un premier chapiteau, créé le Club 1927 avec les partenaires, et tout est parti de là. Le FCA voulait accéder à l’échelon national professionnel, il fallait créer une société. Comme j’avais porté le projet jusque-là, on m’a dit, “T’es là, tu prends la présidence.” Je suis rentré dans la machine à laver, j’en suis pas sorti. 

2022, on en parlait, le club atteint la ligue 2, accédant même à la demi-finale de la coupe de France, avant d’être reconduit vers la relégation en fin de saison, sauvé in extremis… T’as un bon cardiologue ?

Tu ne crois pas si bien dire : il vient de me poser un stent ! 

Ah merde !

Et il a parfaitement identifié la cause. J’en rigole, mais… heureusement, on est très bien accompagné au club avec un staff médical de pointe et tout a été pris à temps. Non mais elle est pertinente, ta question…. En fait, je n’imaginais pas, quand on rentre dans le top – aujourd’hui il y a 36 clubs en Ligue 1 et 2 – qu’il y aurait une telle médiatisation, une telle pression. Pour autant, l’équipe de l’époque CFA est quasi la même qu’aujourd’hui : on n’est pas devenu fous avec ça. Par contre, c’est vrai que c’est beaucoup de stress. Que ce sont les montagnes russes en permanence… Tu passes d’une qualification au Stade Vélodrome à Marseille, devant 65 000 personnes, magique, et quelques mois après, tu te retrouves dans une bataille juridique incroyable pour sauver ta peau parce que potentiellement il y aurait une descente, sur un match terminé dans des conditions… particulières. Donc oui, c’est un peu les extrêmes.

L’année dernière, on a fini sur le haut de la montagne, pas russe pour le coup… Inespéré ?

Disons que l’objectif, c’était évidemment le maintien. Et puis après, c’est du sport. Parfois, il vous emmène à des endroits qu’on n’imaginait pas atteindre. 6e, c’est la plus belle performance du club depuis sa création. C’est sûr que ça va être difficile de faire mieux aujourd’hui. La priorité c’est toujours de repartir en Ligue 2 l’année prochaine.

C’est ton ambition ?

Disons que mon ambition est bien plus haute. Mais la raison me rappelle qu’il faut caler tout ça dans le temps. On doit continuer à faire évoluer les infrastructures, parce que sans elles, on ne peut pas tenir au haut niveau. Et il faut aussi trouver les ressources nécessaires pour pérenniser le club avec l’ensemble des actionnaires. Parce qu’avec la chute des droits télés, on a perdu près de 3 millions d’euros de revenus en 2 ans ! Donc il faut sécuriser le budget. Pour ne pas revivre ce qu’a connu l’ETG, pour ne pas revivre ce qu’a connu Annecy dans les années 90. On aura été de bons dirigeants, tous autant qu’on est – une vingtaine d’actionnaires et des fidèles du club -, si on assure un avenir. Et si on y parvient, à coup sûr, un jour, le club passera le stade du dessus.

Sur ta carrière, de quoi tu le plus fiers ?

D’avoir duré et passé tous les moments difficiles. 

Et ton regret ?

Ah, le dépôt de bilan en 93. Ça restera, pour tous les jeunes joueurs qui ont eu la chance comme moi de côtoyer l’équipe pro à l’époque, un traumatisme qui ne partira jamais. Quand au mois de mars, vous jouez contre le PSG en Coupe de France, que vous faites des matchs amicaux contre Monaco et que deux mois après, on vous dit qu’il n’y a plus de club, c’est fini, vous allez repartir au niveau régional. C’est un peu violent. On a vécu en 93, ce qu’Ajaccio et Martigues vivent en ce moment. 

Ils auront la preuve qu’il faut garder espoir…

Oui, effectivement. Mais on a quand même mis 27 ans pour remonter ! Le club est bientôt centenaire, avec 99 ans au tableau d’affichage en janvier… Et oui, en 2027, les 100 ans… Un événement, évidemment, historique. Les clubs centenaires, il n’y en a pas des masses… Ce sera l’occasion d’inaugurer notre futur centre de formation et de faire la fête !

sebastien faraglia président du fc annecy

VERSO

Quel genre d’enfant tu étais ?

Très réservé, un peu timide.

Dans ton CV familial, on trouve ta femme Lisa…

Et deux enfants de 19 et 11 ans. Deux garçons que j’ai mis au rugby au tout début. C’est une super école. Et au bout de 4-5 ans de pratique, les deux m’ont dit, on aimerait quand même mieux taper dans un ballon rond. Et ils se sont mis au foot, mais tranquille…

Ce que disent tes amis de toi ?

Indisponible. Mais fiable.

Un don qui te serait profitable ?

Celui de me dédoubler de temps à autre, histoire d’être plus disponible pour mes proches, les journées sont mal fichues : trop courtes !

Si tu pouvais passer une journée avec une personnalité de l’histoire ?

Mon père, parce qu’il est parti, j’avais 24 ans et je pense qu’on a beaucoup de choses à se dire. Tu es à bord d’une machine à remonter le temps, tu la programmes à quelle date pour y revivre une journée ? Celle du quart de final de la coupe de France à Marseille. Et cette fois, j’emmène ma petite famille pour partager ce moment avec eux.

Si tu devenais 1er ministre – les places se libèrent vite en ce moment -, ta première mesure ?

Je ne défais déjà pas mes valises ! Prévoyant… Et sur le délai imparti, je tenterais de remettre de la valeur au travail, à l’engagement…

Et si tu te réveillais demain dans la peau du futur maire d’Annecy ?

J’ai eu la chance de faire un mandat à l’Office du tourisme il y a une quinzaine d’années. Et son ambition à l’époque, c’était de faire d’Annecy l’une des 10 villes au monde à visiter au moins une fois dans sa vie. Ça m’avait frappé. J’avais trouvé ça d’une ambition folle de situer Annecy au niveau de New York, ou des grandes capitales mondiales. Mais avec le recul, je trouve que c’est ce qu’Annecy mériterait en fait, d’avoir de très grandes ambitions pour qu’elle redevienne un petit joyau.

Il faut savoir viser les étoiles…

Exactement. Et c’est ce qu’on essaie de faire aussi avec le club, tout en gardant de la mesure et les pieds sur terre.

La dernière série que tu as dévorée ?

Aucune, je ne regarde pas la télé, c’est elle qui me regarde! Je m’endors systématiquement devant.

Que te dirait le gamin que tu étais ?

Il serait fier, pas tant des résultats obtenus, parce que c’est le fruit d’un travail collectif. Mais plutôt de ce que j’essaye d’inculquer tranquillement à mes enfants : quand on s’engage, il faut le faire dans le temps, ne pas être pressé. Le travail à un moment donné paye toujours. D’ailleurs, un jour, Aimé Jacquet est venu me voir quand on était dans le dur… Parce qu’on n’a pas passé que des bons moments ces dernières années, avec ces situations de relégation compliquées, anxiogènes. L’épisode de Bordeaux-Rodez, où on est relégué, pas relégué, ça a été très très dur à vivre. Mais Jacquet m’a dit à plusieurs reprises : président, le foot peut paraître terriblement injuste – et Dieu sait si lui peut en parler ! -, mais quand on s’inscrit dans la durée, qu’on ne lâche rien, qu’on travaille, on est toujours récompensé. Et ça résonne souvent dans ma tête. Et quand on se retrouve à Marseille, par exemple, quand on vit des moments uniques comme ça, on se dit que ça en valait la peine.

À quelques jours de Noël, qu’est-ce qu’on trouve en tête de ta liste au Père Noël ? Le lifting du parc des sports, c’est fait…

Question lifting… on va dire que la première couche a été faite. Mais on est quand même loin de répondre aux exigences du haut niveau. Si je pouvais dégoter une baguette magique, je ferais apparaître une Arena couverte, digne de ce nom, de 10 à 12 000 places, capable d’accueillir un club de foot professionnel, pourquoi pas demain un club de rugby professionnel, des concerts… Et à titre perso, je demanderais un peu de légèreté et de paix intérieure.

Dans 20 ans, tu te vois où ?

En tribune, au FC Annecy, regardant un match de Coupe d’Europe ! En tant que fidèle spectateur, je précise.

Interview : Mickaël Marin
Zooom
4 min de lecture
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