Quand Adrien fait dans la dentelle
Coup de foudre ! Adrien Jarrige m’a tapé dans l’œil sur le marché des créateurs de l’Impérial Palace à Noël. Et je ne suis pas la seule à avoir craqué sur ses verres, tasses et soliflores sublimés d’or - une belle audace et marque de fabrique – et ses coupelles dentelles. Délicats, comme l’artiste.
Céramiste au masculin, c’est rare ! Un homme qui fait dans la dentelle aussi, avouons-le. Mais un homme qui pare d’or un blanc immaculé, c’est unique.
Notre curiosité piquée, on a bien envie d’aller fouiner. Rendez-vous est donné dans sa cabane au fond de son jardin, à Rumilly. Pour vivre heureux, vivons… Caché l’artiste. Solaire aussi. Il m’inonde d’entrée de son sourire. Bienvenue ! Conquise, déjà (?) Je n’ai pourtant encore rien vu de ce qui motive ma venue. Sa vie, ses œuvres. Pour connaître l’artiste, explorons son intention. D’apparence discrète, bien ancré dans ses 25 ans, seulement, il pétille quand il se raconte.
Une passion pour la peinture sur porcelaine au lycée, les Beaux-Arts à Annecy où il « touche la terre », un CAP tournage : son parcours creuse la source de son talent, évidemment. Son antre en est l’écrin. On y est bien dans son atelier, lumineux, organisé, beau, comme lui.
“Faut que ça brille !”
D’entrée, mes yeux s’accrochent à ses œuvres, en apesanteur. Ses nuages en porcelaine drapée ont fait son succès auprès des amateurs d’art. Respect. L’héritage des Beaux-Arts. Sur les étagères : des assiettes, tasses, verres et soliflores, si fins. Dorés à l’or. Précieux. “Faut que ça brille”, me confie-t-il : voilà pourquoi il met de l’or sur la porcelaine, l’orfèvre ! Voilà aussi pourquoi il joue avec les pigments. L’émotion des émaux qui révèlent leur couleur en sortie de four, dans un dernier tour de magie. Du talent et du travail : “La céramique rend humble”, reconnaît-il, il faut des heures de tournage pour maîtriser le geste. Et de moulage pour les soliflores. Bonne nouvelle, la technique s’apprend. 1 four et 4 tours : Adrien donne des cours, de tournage en porcelaine.
Dans sa bulle, une sensibilité à fleur de mains. Des mains aussi fines que son allure et son verbe. Pas étonnant que l’on vienne de loin pour glaner son savoir-faire, et bien plus encore : quand la parenthèse créative se fait introspective. “La céramique est thérapeutique”, c’est lui qui le dit. Mange (ses paroles), prie (pour qu’il ne s’arrête pas), aime. Je veux bien une ordonnance. Bénédiction.