sexo©alfa27

Premier Jet

Le 6 octobre 2023 par Emmanuel Allait

C’est presque un lieu commun. De multiples études et articles expliquent qu’une galipette avec un nouveau partenaire est rarement une apothéose. Il n’y a pourtant aucune fatalité à rater cette expérience.  

sexo©alfa27
©alfa27

Il est vrai que se mettre à nu, dans tous les sens du terme, avec un.e inconnu.e, suscite autant d’appréhension que d’excitation. Quels sont les red flags susceptibles de faire capoter l’opération ? 

At-homme pas crochu

Premier élément rédhibitoire : vos intérieurs ne respirent pas le Feng shui. Votre tanière rappelle le grand Bazar d’Istanbul ? N’espérez pas flatter le galbe de son boule ! Malgré vos appels à la prière désespérés, elle va partir en Coran et votre minaret n’entrera pas dans Sainte Sophie. Des draps douteux, qui se souviennent de toutes vos nuits solo ? Ça ne fera pas un pli, elle vous dira ciao. Un calcif aussi trouble que les eaux du Bosphore ? Pour retirer son soutif, c’est mort. 

Flop garanti aussi en cas de faute technique. Le « trop » vous vaudra directement un arrêt au stand. Trop de hardiesse, si vous expérimentez des cascades d’acrobite, ou, pire, si vous essayez d’explorer des voies annexes sans prévenir. Trop de vitesse : impatient et les baloches gloutonnes après des mois de disette, notre Charles martèle et pilonne sa dulcinée, qui famine de prendre du plaisir. 10 secondes plus tard, le bonobo a déjà fini. Il est devenu Pepin le Bref. Mais votre objectif n’est pas la qualif pour Paris 2024 ! Gardez donc la devise des Jeux Olympiques, « plus vite, plus haut, plus fort ensemble », pour la prochaine sortie vélo avec vos potes. Trop de mollesse : Popaul déclare forfait au moment de quitter les starting blocks. Pas de Bolt ! Vous étiez chaud bouillant, prêt à jaillir, et là, pschitt, de la guimauve, malgré les sollicitations bienveillantes de votre crush, qui s’échine, en vain, à redresser la tour de Pise. 

Enfin, même si tout est parfait, soirée sans anicroche, gestuelle de virtuose, déco et rangement validés par Marie Kondo, le bide n’est pas à exclure. Une haleine pas très fraîche, un grain de peau désagréable, un fumet corporel insupportable (pieds, entre-jambe…), trop de poils ou pas du tout, autant d’ingrédients susceptibles de planter votre concert de trombone à coulisse. 

Qui communique, nique.

Pas facile de toucher le Graal la première fois. Mais restons positif, le match n’est pas joué d’avance. En évitant les erreurs mentionnées ci-dessus et en appliquant quelques règles de base, vous pouvez transformer l’essai et devenir un ouvreur au-dessus de la mêlée. 

Ra-len-tir, être à l’écoute des sensations, lâcher prise, parler, exprimer ses désirs, varier les techniques ! Ne cherchez pas donc à tirer entre les poteaux sitôt le dessert englouti. Vous avez toute la soirée, prenez le temps de pratiquer un jeu de qualité, aux actions léchées.  On ne dégaine pas son glaive, mais on utilise no limit sa bouche et ses mains. D’abord cela met en confiance les deux partenaires et la température monte gentiment. Soyez à l’écoute des réactions et des envies de l’autre. Il faut vous imaginer en géographe, à explorer lentement le terrain. A arpenter les reliefs. A parcourir les collines. A caresser les mamelons. Vu la tension, vous serez tenté d’emprunter le sillon rhodanien pour filer directement en Camargue visiter le fameux triangle d’or cher à Herbert Léonard. C’est prématuré. Gardez les va-et-vient dans le delta du Rhône pour plus tard. Finalement, si on cesse d’être obsédé par l’orgasme, la pénétration, la performance, il n’est pas si compliqué de faire de cette première rencontre physique un moment de partage et de connexion agréable. Le premier jet, bien loin d’être un brouillon, peut donc devenir une œuvre de qualité.